Dossier - Ressources bibliographiques
Ce film appartient à la série documentaire sous les titres [de la presse] Comme les autres épisodes, celui-ci est accompagné d’un dossier documentaire : bibliographie, articles, analyses exclusivement tirées de la presse au sens large, permettant au spectateur d’aller plus loin, mais aussi de confronter son regard à la couverture de l'évènement en question.
Contexte socio-économique et politique (2023‑2025)
Après la crise de la dette, l’économie grecque repassait en croissance (≈+2,3 % du PIB en 2024 selon la Banque mondiale tf1info.fr) et le chômage baissait (≈8 % à l’été 2025, niveau le plus bas depuis 2008) tf1info.fr. Malgré ces signes, le niveau de vie reste précaire (salaire minimum à 880 € brut, l’un des plus bas d’Europe tf1info.fr). Les travailleurs grecs affichent l’un des temps de travail les plus longs d’Europe (≈39,8 h/semaine contre 35,8 h en moyenne UE theguardian.com). Les gouvernements successifs de crise avaient drastiquement comprimé salaires et retraites, laissant un souvenir d’austérité profonde. Depuis 2019, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis (droite conservatrice) cherche à déréguler le marché du travail pour “plus de flexibilité” theguardian.com tf1info.fr. En 2024 il a déjà instauré un « volontariat » de sixième jour ouvré pour certains secteurs (tourisme, services), une mesure jugée « barbare » par les syndicats theguardian.com.
Réformes du travail et mobilisation sociale
Projet de 13 h/jour. En 2025, le gouvernement a proposé de légaliser des journées étendues (jusqu’à 13 h) en cas de besoin exceptionnel. Le texte, défendu par la ministre du Travail Niki Kerameos, prévoit qu’un salarié puisse travailler 13 h par jour (jusqu’à 37 jours par an) en ne relevant que d’un seul employeur, moyennant une majoration salariale (40 % en heures sup) tf1info.fr aljazeera.com. Le Premier ministre Mitsotakis a insisté sur la « liberté de choix » offerte à l’employeur et au salarié aljazeera.com
Réactions syndicales. L’annonce du projet a soulevé l’ire des syndicats (GSEE, ADEDY, PAME…). Les centrales soulignent que les Grecs travaillent déjà de longues heures et restent faiblement rémunérés. La GSEE a qualifié cette réforme de « cadeau du gouvernement au patronat » fr.euronews.com et insisté sur le fait que « l’épuisement n’est pas la croissance, l’endurance humaine a des limites » fr.euronews.com tf1info.fr. Le syndicat de gauche PAME va plus loin, dénonçant un vrai « esclavage moderne » et réclamant le rétablissement de la semaine de 35 h avec hausses de salaires et renforcement de la négociation collective fr.euronews.com tf1info.fr.
Contexte politique global. Les pressions sociales s’inscrivent dans un climat politique tendu : après les succès de la gauche Syriza (2015‑2019), Mitsotakis a tenté de recentrer l’économie, ce qui a provoqué mécontentements divers. La montée du coût de la vie, la stagnation des salaires et l’impression de perte de protections sociales nourrissent la méfiance vis-à-vis du gouvernement. Par ailleurs, la Grèce reste mal classée en matière de corruption (2ᵉ pire note en zone euro en 2024 reuters.com), un contexte de délitement de la confiance qui alimente les colères contre les autorités reuters.com reuters.com.
Grève générale du 1ᵉʳ octobre 2025
Manifestation d’ampleur à Athènes lors de la grève générale du 1ᵉʳ octobre 2025, Les principaux syndicats ont lancé une grève nationale de 24 h pour bloquer la réforme. Le matin du 1ᵉʳ octobre, tout le pays est « à l’arrêt »: les transports publics (métros, trains, bus, ferries) se sont quasi paralysés theguardian.com aljazeera.com, les services publics étaient massivement débrayés (hôpitaux, écoles, administrations) et des milliers de manifestants se sont rassemblés dans les rues d’Athènes et de Thessalonique theguardian.com tf1info.fr. À Athènes, la place Syntagma (devant le Parlement) a été le cœur de la mobilisation, où ouvriers, enseignants, étudiants et retraités ont défilé sous les bannières syndicales theguardian.com tf1info.fr. Parmi les slogans brandis figuraient les discours des syndicats opposés aux 13 h : par exemple, la GSEE a clamé « Nous disons non à la journée de 13 heures. L’épuisement n’est pas la croissance » fr.euronews.com aljazeera.com.
Impacts concrets. Les réseaux de transport ont été durement touchés : Métros et bus ont très peu circulé, et les ferries sont restés à quai theguardian.com aljazeera.com. Les photos de cette journée montrent les quais déserts et les stations vides (ci‑dessous) tant des passagers que des travailleurs***. Les autorités ont signalé que le trafic aérien et maritime était pratiquement interrompu, tandis que l’AFP note que même le Parlement n’avait pas inscrit la réforme à l’ordre du jour en ce jour de grève tf1info.fr.
Un étudiant brandit un fumigène lors des manifestations place Syntagma, 1ᵉʳ octobre 2025, Les slogans anti-réforme et la forte présence des jeunes ont marqué la journée. L’un des principaux porte-paroles syndicaux présents (un salarié d’une grande entreprise technologique) a résumé le sentiment ambiant en déclarant : « Les Grecs survivent déjà avec l’un des plus bas salaires d’Europe, et maintenant on nous demande de travailler presque toute la journée… À un moment donné il va y avoir une explosion sociale » theguardian.com. De leur côté, les représentants du gouvernement ont défendu le projet comme une mesure « exceptionnelle » destinée à répondre aux besoins des salariés en difficulté (temps de travail renouvelable sur 37 jours/an avec 40 % de majoration) tf1info.fr aljazeera.com. Mais cette justification n’a guère dissipé la colère : des pancartes invectivaient la réforme comme « antidémocratique » et « digne du Moyen Âge » (tirant parti du lexique gréco-européen des droits sociaux).
Revendications et perspectives. Outre le retrait du projet, les syndicats ont appelé à d’autres mobilisations si la loi était finalement votée. La GSEE exige le maintien de la semaine de 37,5 h (35 h selon PAME) et le rétablissement de la négociation collective intégrale pour garantir des salaires décents fr.euronews.com fr.euronews.com. Les médias étrangers soulignent que la grève du 1ᵉʳ octobre fait écho à d’autres combats sociaux en Europe, mais aussi aux traumatismes internes grecs : les protestataires affirment que cette réforme risque de détruire l’équilibre travail-vie privée et de créer une « slave nette moderne » (d’après l’expression du PAME reprise par les correspondants) tf1info.fr aljazeera.com.
État des infrastructures et sécurité ferroviaire
Drame de Tempi (28 février 2023). Le film fait référence au drame ferroviaire de Tempi, qui a coûté la vie à 57 personnes (majoritairement des étudiants) dans une collision train de passagers / train de marchandises près de Larissa thepeninsulaqatar.com. Cet accident, le pire de l’histoire du rail grec, a profondément choqué l’opinion publique. Les familles de victimes ont dénoncé dès l’origine des anomalies graves : des soupçons d’explosion due à des produits interdits transportés dans le train de fret ont circulé, mais l’enquête officielle n’a trouvé « aucun indice de cargaison illégale » thepeninsulaqatar.com thepeninsulaqatar.com. Plusieurs proches des victimes (dont Panos Ruci) ont exigé de nouvelles autopsies et analyses génétiques, accusant de dissimulation.
Pertes de confiance dans le réseau. Vingt mois après Tempi, la confiance dans le système ferroviaire reste au plus bas. La presse s’est fait l’écho d’incidents récents, notamment en octobre 2024 un train de banlieue passant par erreur sur des voies de métro à Athènes, pour alerter sur la persistance de « défaillances et d’erreurs » dans un réseau négligé courrierinternational.com. Un sondage rapporté par le quotidien de gauche EfSyn montre que près de 90 % des usagers ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils utilisent les transports ferroviaires courrierinternational.com. De fait, la catastrophe de Tempi a souligné des problèmes structurels (infrastructures vétustes, sécurité déficiente, responsabilités floues entre État et compagnies privées). Les observateurs nationaux et internationaux notent que l’absence de poursuites politiques majeures après Tempi alimente la défiance envers les autorités (seuls des fonctionnaires et dirigeants d’entreprise ferroviaire sont mis en examen, mais pas de politique de premier plan) thepeninsulaqatar.com reuters.com.
Conséquences sur le terrain. L’enquête judiciaire sur Tempi est toujours en cours (36 prévenus, dont des dirigeants d’Hellenic Train et un chef de gare, doivent être jugés) thepeninsulaqatar.com. En parallèle, le gouvernement fait état d’un plan de « modernisation du réseau ferroviaire d’ici 2027 », incluant la maintenance confiée à une société étrangère reuters.com. Mais cette réponse technique peine à rassurer. L’opinion publique y voit surtout un défaut de responsabilité politique : comme l’explique un rapport de Human Rights Watch, le drame de Tempi « a mis en lumière des problèmes profonds de gouvernance, d’imputabilité et de respect de l’État de droit » en Grèce reuters.com. Les travailleurs du rail et la population dans leur ensemble rappellent que jusqu’ici, aucune démarche effective n’a été entreprise pour que des dirigeants soient condamnés, ce qui rejoint le thème général du film soulignant « le combat pour la justice ».
Le combat pour la justice : la grève de la faim de Panos Ruci
Initiative individuelle. Panos Ruci (48 ans), dont le fils Denis figurait parmi les victimes de l’accident de Tempi, a décidé en septembre 2025 de relancer la mobilisation. À partir du 15 septembre, il a entamé une grève de la faim à Syntagma (place du Parlement) pour protester contre la lenteur de l’enquête et exiger de nouveaux examens des corps de son fils (notamment toxicologiques et ADN) thepeninsulaqatar.com. Cette action, relativement isolée au début, a rapidement reçu le soutien de plusieurs partis d’opposition et d’une partie de l’opinion publique, jusqu’à l’intervention symbolique du chef de l’Église orthodoxe de Grèce pour lui témoigner son appui thepeninsulaqatar.com. Selon les médias grecs, P. Ruci annonçait lui-même devant les caméras qu’« il restera ici jusqu’au bout, même si la faim le tue » thepeninsulaqatar.com.
Fin de la grève de la faim. Au soir du 7 octobre 2025 (après 23 jours de jeûne), Ruci a annoncé l’arrêt de sa grève. Les autorités judiciaires ont accepté de reprendre les analyses sur les corps des victimes, en réponse à ses revendications thepeninsulaqatar.com ertnews.gr. Son avocate (l’ancienne députée Zoi Konstantopoulou) a salué une « grande victoire contre les forces obscures », expliquant que l’enquête reprenait de zéro avec de véritables examens scientifiques ertnews.gr. Malgré cela, P. Ruci a déclaré qu’il resterait sur place à Syntagma avec sa tente « pour continuer le combat jusqu’à la fin » ertnews.gr, estimant que la vérité n’est pas encore entièrement révélée. Cette affaire est largement évoquée dans la presse comme le volet « justice sociale » du film : elle montre que les protestations ne se limitent pas aux salariés mais englobent aussi les familles de victimes cherchant réparation.
« Et après » (évolution post‑1er octobre)
Suivi du projet de loi. Au lendemain de la grève, le gouvernement a dû temporiser. Selon TF1 Info, le Parlement n’avait même pas programmé l’examen du projet au 1ᵉʳ octobre tf1info.fr. Les syndicats ont d’ores et déjà annoncé qu’ils reprendraient le combat si la loi revenait à l’agenda parlementaire. La date du vote reste incertaine, mais tous les observateurs jugent l’action sociale victorieuse politiquement, dans la mesure où elle a contraint le pouvoir à différer le texte. Le gouvernement souligne toutefois que, sous la pression médiatique et sociale, le texte voté serait limité dans le temps (37 jours/an maximum, payés 40 %) tf1info.fr aljazeera.com. Il n’est pas exclu que de nouvelles grèves ou manifestations soient planifiées dans les semaines suivantes si le projet était soumis au Parlement, un scénario renforcé par le fait que de nombreuses autres revendications sociales (pouvoir d’achat, retraites, conditions de travail) restent en suspens.
Voie ferroviaire et justice. Sur le front de Tempi, plusieurs suites se dessinent. D’une part, les 36 prévenus de la catastrophe doivent être jugés en 2026 ; les familles continuent de réclamer des comptes au plus haut niveau politique (plusieurs députés ont déjà déposé des motions pour que la responsabilité des ministres soit engagée, mais rien n’a été voté à ce jour) thepeninsulaqatar.com reuters.com. D’autre part, en mars 2025 une pétition historique de 1,4 million de Grecs avait déjà réclamé la suppression de l’immunité parlementaire pour pouvoir poursuivre des responsables politiques jugés potentiellement coupables reuters.com. Cet effort citoyen (bien antérieur au film, mais porté par les mêmes colères) reste bloqué juridiquement, ce qui ne fait qu’ajouter au sentiment de frustration collective. Officiellement, le gouvernement promet de moderniser le réseau ferroviaire d’ici 2027 reuters.com, mais sans calendrier clair, et il devra répondre aux critiques grandissantes sur la sécurité.
En conclusion, les éléments de ce dossier montrent que le film s’inscrit dans un contexte social très tendu en Grèce. D’une part, la réforme du travail de 13 h a cristallisé l’inquiétude des salariés déjà éprouvés par des années d’austérité, entraînant une mobilisation historique du mouvement ouvrier fr.euronews.com aljazeera.com. D’autre part, l’affaire Tempi, loin d’être close, continue d’alimenter les mobilisations citoyennes : la grève de la faim de Panos Ruci et les manifestations de l’année 2025 traduisent une exigence de justice toujours vivace thepeninsulaqatar.com reuters.com. Ce contexte fait de la journée du 1ᵉʳ octobre 2025 non un point final, mais un moment symbolique d’une crise sociale et politique plus large, dont les suites restent à écrire.